Document du SNPL "l'Affaire"

           

  

 

 

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   Les moteurs

Pourquoi l’expertise des moteurs a-t-elle été confiée au constructeur juge et partie ?

        Que vaut une telle expertise réalisée hors de tout contrôle judiciaire ?

Les moteurs ont - ils bien fonctionné ?

     La Commission d'Enquête Administrative atteste de ce bon fonctionnement en arguant...   du DFDR, du CVR et de l'analyse spectrale d'un film vidéo pris de la tour.

        Constatons que de lourdes suspicions pèsent sur ces enregistrements.

    La Commission d'Enquête se garde de dire dans son rapport que l'analyse spectrale a été effectuée par... CFM (fabricant des moteurs), qui avait tout l'intérêt que l'on sait à voir les moteurs fonctionner correctement.

        Aucun exemplaire de l'expertise spectrale n'est annexé au rapport d'enquête final.

    Comment expliquer que les arbres soient cassés à une hauteur de 11 mètres à gauche et  de 8,50 mètres à droite, sachant que

            - Il est affirmé que les deux réacteurs poussaient de façon égale

               - L'avion n'était incliné que de 1° (référence DFDR et film vidéo) et qu'il aurait fallut 18°    d'inclinaison pour obtenir une différence de hauteur de 2,50 mètres des arbres cassés. Dans cette hypothèse l'aile droite aurait touché le sol et l'aile gauche aurait  dépassé les arbres !

            - Avec cette inclinaison nulle, les arbres auraient dû être cassés à la même hauteur, à   moins que la poussée n'ait été dissymétrique.

       Le 13 août 1988, sur un vol A.320 Genève - Paris, un pompage du réacteur en montée  a nécessité l'arrêt du réacteur et l'atterrissage d'urgence. Or, les aubes VSV font partie du système anti-pompage, et sont douteuses comme on le verra plus loin.

       Un témoin de l'accident, mécanicien avion, a témoigné spontanément le lendemain de   l'accident à 09.00 avoir entendu des coups de pompage (deux AVANT LES ARBRES et deux autres après les arbres). Un autre témoin, passager de l'avion à l'arrière gauche à  témoigné devant les caméras avoir entendu "deux bruits BOUM - BOUM" avant le contact avec les arbres.

         Il a été procédé par les techniciens du motoriste et d'Air France, à la vérification des 4 réacteurs des A 320 immatriculés GFKA et GFKB dans les nuits du 23 au 24 août et du 24 au 25 août. Cette vérification a montré que 3 moteurs sur quatre avaient des paramètres hors tolérance, précisément en ce qui concerne les VSV, le quatrième moteur non critiquable à cet égard étant justement celui précisément qui avait été changé à la suite du pompage du 13 août ; les trois moteurs en cause auraient dû être changés. Mais pour permettre aux avions de continuer à voler avec ces moteurs, le constructeur a tout simplement modifié les valeurs de cette tolérance !!!

     Toutes les transcriptions du CVR depuis celle initiale faite au BEA (DAVIDSON 5/7/88), celle du rapport préliminaire (25/07/88), celle faite par Air France (Octobre 1988) et celle du projet de rapport final (25/09/89) de la Commission d'Enquête Administrative font état de deux "BOUM -BOUM" juste avant le contact avec les arbres. Ces "BOUM -BOUM" pourraient correspondre à deux pompages. A noter que bizarrement, ces "BOUM -BOUM" disparaissent du rapport final! ! ! Le CVR aurait-il perdu la mémoire de ces bruits ?

     Dans les quelques mois qui ont suivi l'accident, tous les réacteurs A. 320 d' Air France ont été changés.

     Les conclusions de la Commission d'Enquête font donc apparaître que les seuls moteurs en parfait état et qui ne peuvent en aucun cas être mis en cause, sont ceux de l'avion accidenté !

Quelle était la position exacte des VSV (aubes à calage variable) ?

. Selon MM. Bernard MANGANNE et Jean-Paul de VILLENEUVE du BEA, le 28 juin 1988 observations sur le site: "sur les deux moteurs. on a constaté que les VSV (Variable Stator Vannes: aubes à calage variable du compresseur du réacteur) étaient dans une position proche de celle du décollage indiquant que le régime des deux moteurs était élevé".

. En contradiction avec le premier témoignage, le rapport préliminaire de la Commission d'Enquête Ministérielle (pages 9 et'10) indique que la position des aubes à calage variable (VSV) correspond à un régime faible.

. Le rapport partiel de la Commission d'Investigation Air France fait état d'une "position anormale" des vannes VSV, sans précision, ce qui est pour le moins fantaisiste dans une enquête où les moteurs étaient en cause.

. Les experts judiciaires AUFFRAY - BOURGEOIS estiment devoir écrire (page 30) "l'examen des stator à calage variable (VSV) permet de constater qu'ils sont en position proche de la fermeture, ce qui correspond aussi à l'action normale de la régulation quand le régime diminue".

. Quant au rapport final d'enquête, il ne tient pas compte du témoignage du 28 juin de MM. MANGANNE et VILLENEUVE et affirme que les VSV et VBV étaient en position ralenti (Variable bleed valve: vannes évitant les surpressions dans le compresseurs).

Qu'en déduire ?

     Les constations faites sur le site par les deux experts de la DGAC dès le lendemain de l'accident et celles du rapport d'enquête final de la Commission Administrative sont donc en opposition sur un sujet important;

     En effet. la position des VSV conditionne la poussée des réacteurs et une perte partielle de celle-ci pourrait expliquer que l'avion n'ait pas pu transformer son énergie cinétique en altitude.

Une certitude: le tarage de ces VSV était insuffisant et tous les moteurs ont été ensuite changés.

. Après expertise des deux avions en service à .Air France, CFMI et Air France ont changé un moteur et majoré le tarage des vérins des vannes VSV (284 porté à 340 Livres). Rappelons qu'ensuite tous les moteurs ont été changés.

Des documents de CFM interdits de lecture.

      Sur le sujet des moteurs, que peuvent receler les documents de CFM corrigés selon leurs propres dires par les experts AUFFRAY - BOURGEOIS ? Appartient-il à ces experts de modifier des documents avant leur transmission au juge d'instruction ?

     Pour au moins deux de ces documents concernant les moteurs, CFM a obtenu qu'ils soient maintenus hors du dossier d'instruction et comme par hasard, l'un d'entre eux s'intitule "STAGNATION DES VSV" !

     Rien n'existe dans le droit français permettant l'existence d'un dossier secret non communiqué à l'inculpé et sa défense.

Quelle fiabilité accorder au système FADEC ?

     Cet ordinateur interposé entre les manettes de poussée actionnées par les pilotes et les réacteurs, a manifesté des bizarreries relevées pour certaines d'entre elles par la Commission d'Investigation d'Air France.

     A 12 h 41' 56", on constate à la réduction des manettes un retard de 4 secondes du  « N1 Command » qui matérialise l'ordre donné par le computer aux réacteurs.

     Cette anomalie se reproduit à 12 h 42' 22", où l'on remarque un nouveau retard à l'affichage du "N1 Command" par rapport à l'ordre des pilotes. Un peu plus loin, à 12 h 44' 22" , le N 1 déclenche le ralenti SOL au lieu du ralenti VOL.

     Quelle fiabilité accorder à ce système ? Ce retard s'est-il reproduit lorsque le pilote a avancé les manettes la première fois, selon ses souvenirs ? Ce qui aurait conduit le pilote à interpréter "les moteurs ne sont pas repartis" et à ramener les manettes au ralenti pour réinitialiser la poussée avant de remettre sur TO - GA (position Décollage -Remise de Gaz). Cette opération supplémentaire aurait en fait pu introduire un retard supplémentaire de 4 secondes.

Des réacteurs si silencieux que personne ne les entend repartir !

     Selon la Commission d'Enquête, les moteurs sont commandés en position remise de gaz, 5,5 secondes avant le toucher des arbres. Au moment du toucher des arbres, ils sont selon la Commission d'Enquête Administrative à 83 % de N 1, c'est -à- dire proches de la poussée décollage. Il est singulier de constater qu'aucun témoin ayant déposé en justice n'ait confirmé avoir entendu de remise de gaz AVANT les arbres. Bien au contraire, un témoin ingénieur expert auprès de la Cour d'Appel de Colmar a témoigné de la façon la plus nette qu'il n'avait entendu aucune reprise des réacteurs, sauf un bruit étouffé dans les arbres, alors qu'il se trouvait à 300 mètres de l'avion, au moment où il touchait les arbres. Ce témoin aurait donc dû entendre les réacteurs avec un décalage d'une seconde... s'ils avaient été moins silencieux !