Le rapport de Christian Roger   -  Introduction

 
     
 

Ce rapport présenté au tribunal, mais écarté car émanant d'un expert privé, peut être considéré comme l'explication logique du CRASH DE HABSHEIM.

 
     
 

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CRASH DE L’AIRBUS A.320 A HABSHEIM

26 JUIN 1988

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POURQUOI ET COMMENT FUT RÉALISÉE

LA FALSIFICATION DES ENREGISTREURS

 

Christian ROGER

                                                           Expert de la défense de Michel ASSELINE

                                                           Commandant de bord Air France (retraité)

                                                           Ancien leader de la Patrouille de France

                                                           Président du SNPL AIR FRANCE 1986-1990

 26 juin 1998

INTRODUCTION

   

Le 26 juin 1988, un AIRBUS A.320 d’AIR FRANCE effectue un passage sur le terrain d’aéro-club d’HABSHEIM en ALSACE, où a lieu un meeting aérien. A l’extrémité de la courte piste en herbe, l’avion accroche des arbres de 12 mètres. Sur les 130 passagers, il y a 3 morts et une cinquantaine de blessés. L’avion est détruit .

Le Commandant de Bord Michel ASSELINE sort de l’avion en feu en déclarant que les moteurs ne sont pas repartis normalement.

           Dès le lendemain de l’accident, l’avion était déclaré hors de cause par le Ministre des Transports, sur la vue de listings de paramètres du vol qui comportent des anomalies importantes dans les dernières secondes du vol, là où justement se situe le litige sur l’endroit où la remise des gaz a très vraisemblablement été effectuée.

 Les enregistreurs de vol ont été prélevés, transférés et exploités en violation des règles judiciaires et administratives, du fait de l’absence de scellés durant leur transfert, qui aurait dû être effectué par un Officier de Police Judiciaire (OPJ).

Ce laxisme judiciaire amènera le Juge d’instruction GUICHARD à déclarer publiquement « qu’il s’agit aussi d’un crash judiciaire ».

           Une suspicion existera tout au long de l’enquête et il est désormais avéré qu’elle était justifiée, puisque la substitution des enregistreurs de vol de l’avion accidenté est démontrée scientifiquement depuis le 18 mai 1998, date à laquelle l’Institut de Police Scientifique et Criminelle de LAUSANNE a rendu son expertise.

On a fait au Commandant de bord le triple reproche d’avoir été sur cette trajectoire « trop bas, trop vite et d’avoir remis la poussée tardivement » :

 - sur le grief d’un vol « trop bas » :

La Justice a exonéré l’équipage d’un vol à 100 pieds au lieu des 170 minimum réglementaire, la responsabilité de cette illégalité a été rejetée sur le Directeur des Opérations d’AIR FRANCE qui avait programmé cette hauteur. Ce dernier se vit aussi chargé de la responsabilité d’avoir donné un avis favorable à la présence de passagers à bord.

 Sur le grief d’être descendu en dessous de 100 pieds, tous les experts et le Conseil de Discipline ont reconnu qu’il n’était pas dans les intentions des pilotes de passer sous cette limite de leur mission.

 - Sur le grief de vol trop lent » :

Nous avons montré dans le rapport de contre-expertise fourni à la Cour d’appel, que contrairement aux affirmations des experts VENET et BELOTTI qui assistèrent le Juge d’Instruction GUICHARD, l’intention de voler à la vitesse minimale de cet avion ne contrevenait en rien aux règlements.

 Sur A.320, la limitation de vol minimale est fixée par le constructeur à la vitesse « Alpha Max ». Des vitesses d’utilisation supérieures peuvent être mentionnées, mais leur valeur ne peuvent être que des recommandations.

Pour une même configuration de vol (train et volets), il ne saurait exister deux limitations de vitesse minimale. Sans quoi la plage de vitesse entre ces deux valeurs serait interdite !

 Condamne-t-on en France sur une intention de voler à l’incidence maximale ?

La question se pose, car l’enquête a montré que l'avion avait atteint la vitesse de décrochage, où son incidence aurait du être de 21°, alors que l’incidence n'a jamais dépassé 14,5°, selon l'enregistrement officiel. Aucune explication ne fut donnée part les experts à cette impossibilité.

 Le Tribunal Correctionnel reprocha aussi au pilote d’avoir eu l’intention de débrayer la protection de basse vitesse « Alpha Floor ». Dans notre rapport de contre-expertise, dont nous reproduisons les éléments essentiels ici, nous avons démontré que cette protection ne fut jamais débrayée, contrairement à une rumeur bien établie.

 - Sur le grief de « remise tardive des gaz » :

Il planait sur l’enquête une lourde suspicion de falsification des enregistreurs de vol de ce A.320, dont la preuve existe désormais que les authentiques qui étaient sur l’avion ont été échangés contre des enregistreurs leurres l’après-midi même de l’accident.

 Notre contre-expertise montre qu’il existe de nombreux faits qui ne trouvent leur cohérence que dans le cadre d’une falsification des paramètres.

  Dès lors, on ne peut évidemment attacher aucun crédit aux conclusions qui pourraient être tirées d’enregistrements de vol qui émanent d’enregistreurs détournés illégalement, et qui contiennent des données incompatibles avec une absence de falsification.

En substituant les enregistreurs, on s’est donné les moyens d’une falsification. Les stigmates de celle-ci sont là pour témoigner que celle-ci a bien été réalisée.

 Mais alors, aucune responsabilité ne serait donc à mettre au compte des pilotes ?

Ce n’est pas notre propos. C’est à la Justice qu’appartient l’appréciation de la responsabilité pénale et non aux experts. 

Le Commandant ASSELINE a toujours déclaré qu’il assumerait ses responsabilités, dans la mesure des moyens dont il avait disposé.

 Quant aux moyens dont il a disposé, (l’avion a-t-il répondu normalement ?), quel crédit pourrait-on accorder à des enregistreurs dévoyés ?

Mais pour que la Justice soit rendue en connaissance de cause, ce qui est le moins que peut exiger un citoyen, encore fallait-il que les magistrats soient éclairés objectivement sur deux questions fondamentales :

 - « les enregistreurs de vol aux mains de la Justice étaient-ils ceux de l’avion ?».

- « une falsification des enregistrements du vol a-t-elle été menée ? ».

 La contre-enquête de la défense a permis de donner des réponses à ces questions, en opposition complète avec celles données par l’enquête des experts judiciaires VENET et BELOTTI.

 Dans ce document nous faisons la synthèse des données de cette affaire, au vu des éléments existants en Juin 1998.

 
 

Les photos du rapport