A321 - Kogalymavia/Metrojet Egypte

 
 
 

Intox, propagande et communiqués contradictoires

28 janvier 2016                                                           29 janvier 2016

Le communiqué du 28 janvier était clair: "L'enquête menée conjointement par les services de sécurité russes et égyptiens a permis d'identifier les terroristes qui avaient préparé et commis l'attentat contre un Airbus A321 de la compagnie aérienne russe Metrojet le 31 octobre 2015 au-dessus du Sinaï",

Et celui du lendemain 29 janvier ne l'est pas moins:" Le porte-parole du Comité antiterroriste national de Russie a démenti les informations selon lesquelles les services de sécurité russes et égyptiens auraient identifié les terroristes responsables du crash de l'A321 dans le Sinaï."

L'information a été lancée jeudi 28 par la chaine de télévision russe "LifeNews" puis reprise par l'agence "Reuters". Le lendemain, autant les autorités russes qu'égyptiennes démentent donc avoir identifié des terroristes. Ces deux pays sont d'ailleurs toujours réticents à adhérer à la thèse d'une bombe terroriste placée à bord de l'Airbus qui aurait des conséquences politiques mais aussi économiques d'importance.

 
 
 

Résumé des évènements de la première semaine de novembre 2015

Le vol 7K-9268 de la compagnie charter russe Kogalymavia/Metrojet, est "tombé samedi matin 31 octobre 2015 dans le centre de la péninsule du Sinaï" a annoncé le gouvernement égyptien. Les débris de l'appareil, un Airbus A321 transportant 224 personnes (217 passagers et 7 membres d'équipage), sont dispersés sur plusieurs km².

Rapidement, les enregistreurs sont retrouvés. Outre les techniciens et enquêteurs égyptiens, la Russie envoie immédiatement secours et enquêteurs alors que le BEA, le BFU, son homologue allemand, ainsi que le MAK, son pendant russe, partent aussitôt pour le Sinaï. L'Irlande (AerCap) est associée à l'enquête comme propriétaire de l'avion. Airbus envoie pas moins de 6 conseillers techniques. Rien que du beau monde, de quoi réaliser la meilleure enquête de tous les temps!

L'accident est aussitôt revendiqué comme un attentat provoqué par l'état islamiste (EI) sans plus de précisions sur le mode opératoire.

A ce stade, les enjeux sont énormes. Pour l'Egypte tout d'abord pour qui le tourisme est essentiel et dont une image sécuritaire laxiste pourrait bien durablement faire fuir les vacanciers, pour la Russie dont l'engagement en Syrie serait remis en question, pour Airbus enfin qui souffrirait d'une panne avérée sur son avion. Et puis la France à de gros contrats d'armement en cours avec l'Egypte et les Etats-Unis, avec la GB, voient d'un mauvais œil les succès militaires russes récents.

Si l'Egypte et la Russie s'interrogent toujours sur l'origine du crash, excluant la piste terroriste, pour les autres pays, Etats-Unis et Grand Bretagne en tête, la thèse d'une bombe à bord ne fait presque aucun doute. L'hypothèse du missile est écartée car l'avion volant à 9000m, ne pouvait être atteint par les SAM ou Stinger, seuls en usage dans la région.

5 jours après l'accident, le CVR, analysé au Caire par l'ensemble "présumé" des experts internationaux, livre ses premiers éléments: la disparition sur les radars de l’appareil demeure « précédée par des bruits non caractéristiques pour un vol de routine ». Une "source proche du dossier" (qui?) confirme le "caractère brutal et soudain de l'événement qui a précipité la chute de l'appareil". Ces éléments accréditent la thèse d’une explosion en vol, sans pour autant en déterminer les origines.

Autre information : la chaîne américaine CNN a expliqué qu’un satellite militaire américain a détecté un “flash de chaleur” émanant de l’avion, suggérant la présence d’une bombe dans l’Airbus. Pour l’heure, aucune explication officielle n’est avancée mais la thèse de la bombe se renforce.

Un véritable pont aérien est lancé par les russes et les anglais dont les touristes-ressortissants sont plusieurs dizaines de milliers en Egypte. De nombreuses compagnies aériennes, non seulement annulent leurs vols vers Charm el Cheikh, mais évitent dorénavant l'espace aérien au dessus du Sinaï.

Enfin les Russes se rapprochent de la thèse de la bombe à bord et laissent les Egyptiens seuls sceptiques.

 
 
 

 

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Les ailes ne se sont pas brisées et sont restées solidaires du reste du fuselage dont les débris sont rassemblés indiquant par là que seule la queue s'est détachée en l'air et est tombée loin du reste de l'avion.

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On note également qu'une vitesse de chute importante détruit presque entièrement les ailes, ce qui n'est pas le cas ici.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une autre analyse, moins conventionnelle (12/11/2015)

Une semaine après l'accident, tous les pays sauf l'Egypte privilégient la thèse d'une bombe embarquée pour expliquer le crash. La Russie qui semble s'être ralliée à cette hypothèse a pourtant effectué des analyses minutieuses de recherche de traces d'explosifs sans rien trouver. Aucune trace sur les débris ni sur les corps humains.

Or, sans traces d'explosifs, pas de bombe!

Pour aller vers d'autres causes possibles, voire probables, il faut examiner de près ce qui s'est passé alors que l'A321 volait toujours à 30 000 ft sous pilote automatique.

Le graphique des dernières minutes de vol selon Flightradar 24 montre une trajectoire erratique en forte diminution de vitesse. Des accélérations de plusieurs "G" positifs et négatifs indiquent que l'avion était mal ou plus contrôlé par ses pilotes. Ce sont également des paramètres cohérents avec un pilotage non maitrisé en "mechanical back up", un pilotage manuel de secours très sensible et délicat.

L'avion a-t-il dès lors dépassé sa résistance structurelle et perdu son empennage fragilisé lors d'un atterrissage trop cabré quelques années auparavant ?

Rappelons que pendant la dernière communication radio avec le sol, l'équipage annonce avoir des difficultés de communication et demande un atterrissage d'urgence sur un terrain proche.

Le pilote automatique de l'Airbus a-t-il soudain "décidé" de se déconnecter et les commandes de vol  sont-elles devenues ingérables, ou inopérantes ou indépendantes des ordres des pilotes voire trop difficiles à maitriser par l'équipage?

Les efforts violents sur les commandes de vols ont une action directe sur la queue de l'avion qui "lâche" la première. L'A300-600 d'American Airlines en 2001 a perdu sa queue, l'A320 d'Armavia en 2006 a perdu la sienne comme celui d'Air New Zealand en 2008 ou celui d'AirAsia en 2014.

La rupture du fuselage au droit de la queue a rompu les câbles et les circuits hydrauliques engendrant une dépressurisation et un violent appel d'air qui ont pu être interprétés sur le CVR comme une explosion.

La question qui se pose dorénavant est pourquoi l'Airbus est-il devenu incontrôlable ?

S'agit-il d'une intervention électronique extérieure qui se serait emparée des commandes ou une panne informatique à bord de l'A321, créée par une action terroriste ou par l'avion lui-même?

 
 

 

Les caractéristiques des derniers instants du vol et la courbe extrapolée. Il y a comme un effet "yo-yo" très violent et une diminution de la vitesse de l'avion qui l'empêche même de voler.

 

La même courbe légèrement étirée dans le temps

 
 
 

17 novembre 2015

La Russie admet l'attentat pour le crash de l'A321

La Russie reconnait officiellement que la cause du crash serait un attentat perpétré avec une bombe artisanale de 1 kg de TNT. Elle aurait été déclenchée pendant le vol et l'avion se serait brisé en plusieurs morceaux ce qui expliquerait la grande distance entre les éléments du fuselage retrouvés.

"Selon nos experts, des traces d'explosifs ont été retrouvés et nous pouvons dire avec certitude que c'est un acte terroriste" a précisé Alexandre Bortnikov, le chef du FSB (service de sécurité russe) qui offre 50M$ pour des informations qui aideraient à trouver les auteurs de l'attentat.

Vladimir Poutine a réagit aussitôt: "Nous devons agir sans délai et connaître tous les responsables par leur nom. Nous allons les chercher partout où ils peuvent se cacher, nous les trouverons partout dans le monde et nous les punirons.[...]Nous attendons avec impatience que tous nos amis nous aident dans ce travail de punition des auteurs de ce crime », [...] Tous ceux qui essaient d’aider les criminels doivent savoir qu’ils en subiront les conséquences.»

Rappelons que les Egyptiens ont affirmé que les enquêteurs n'avaient trouvé aucune trace d'explosif au cours de leurs analyses et l'explosion d'une bombe ne répond pas à toutes les questions posées par les constatations des experts. Mais les russes sont pragmatiques, il leur était difficile de se maintenir dans le déni alors qu'après les attentats de Paris, il se créé une mobilisation internationale contre l'Etat Islamique.

 

Selon la chaine de télévision russe RT, le journal "Dabiq" de l'Etat Islamique a publié mercredi 18/11/15 la photo de la "bombe" utilisée pour faire tomber l'Arbus. Une fabrication artisanale avec une canette de boisson gazeuse, un détonateur et un interrupteur.

Une information à prendre quand même avec précaution.

 

Le 25 février 2016, l'Egypte reconnait l'attentat

Dans un discours impromptu lors d'une conférence retransmise par les télévisions, le président Abdel Fattah al-Sissi a reconnu mercredi 25/2/2016, quatre mois après le drame, que l'avion avait bien été la cible d'un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI). Il a ainsi mis un terme à la négation d'un fait pourtant reconnu deux semaines après le drame par Vladimir Poutine en personne.
"Le terrorisme a-t-il cessé ? Non ... Qui que ce soit qui ait abattu cet avion, que cherchait-il ? Seulement frapper le tourisme ? Non, à frapper nos relations avec la Russie", a dit M. Sissi en répondant à des questions devant un auditoire de responsables gouvernementaux et économiques.

 

Finalement, l'hypothèse de la mini bombe artisanale satisfait tout le monde. En conclusion, il n'y a aucune lacune dans l'entretien ou les réparations de l'avion par la compagnie russe, aucune faille dans la sécurité officielle de l'aéroport de Sharm el Cheik, aucun défaut de l'avion ni dans la formation des pilotes. Et le commerce des avions et des armes va pouvoir se poursuivre en tout quiétude.