Garuda Indonesia  
 

 Quelques heures à peine après l'accident du Boeing 737 de Garuda, des dizaines de photos de la catastrophe ont envahi le web. Jamais aussi vite, jamais autant. Chaque détail a été photographié et filmé par des reporters professionnels mais surtout par de simples citoyens présents sur les lieux ou "qui passaient par là". Le sentiment particulier qui nait en chacun de nous au moment d'assister à un évènement exceptionnel se transforme aujourd'hui en témoignage avec les moyens modernes de communication. Difficile dès lors de cacher des faits gênants ou des erreurs, mais à l'inverse il n'existe plus guère de retenue dans le morbide ou la violation de l'intimité des victimes et de leurs familles. D'accord ou pas, il va falloir vivre et composer avec cela.  

 

Le 7 mars 2007, un Boeing 737-400 de la compagnie Garuda Indonesia  manque son atterrissage sur l'aéroport de Yogyakarta en Indonésie vers 7h00 locale (à 440km de Djakarta). 140 personnes (133 passagers et 7 membres d'équipage) étaient à bord et les premiers bilans ont fait état de près de 50 morts avant de ramener le total à 23 moins de deux heures plus tard.

Selon les témoignages des rescapés, l'avion aurait subit de violentes secousses en approche pour ensuite effectuer un atterrissage très dur avant d'accélérer, de quitter la piste et de prendre feu dans une rizière. Selon d'autres témoins au sol, la partie avant de l'avion était déjà en feu avant d'atterrir.

La panique s'est emparée des passagers qui voulaient échapper aux flammes en se précipitant vers les portes et les issues de secours.

"Certains passagers voulaient récupérer leurs bagages à main. Je leur ai crié 'Sortez ! Sortez'", a expliqué un responsable religieux, passager de l'avion. "L'avion était rempli de fumée. J'étais assis pas loin de l'issue de secours, j'ai senti que quelqu'un me guidait vers la droite. Il restait encore de nombreuses personnes à l'intérieur de l'avion après ma sortie. J'ai simplement sauté de deux mètres de haut et j'ai atterri dans une rizière", a-t-il ajouté.

Cet accident arrive après celui de ADAMAIR il y a deux mois. Deux mois de recherche sans retrouver aucune trace de l'épave parmi les milliers d'îles de l'archipel.

22 octobre 2007: Des erreurs de l'équipage sont mises en avant

L’équipage est en cause dans l’accident de Garuda. Le comité national de la sécurité des transports d’Indonésie a publié le 22 octobre le rapport final de l’enquête sur l’accident du Boeing 737-400 de la compagnie indonésienne du 7 mars dernier à Yogyakarta. Il en ressort que le pilote au commande et commandant de bord est en partie responsable : il a ignoré les alarmes qui ont retenti dans le cockpit lui signalant que son approche était trop rapide.

A 16km de la piste 09 (10 nm), l’appareil approchait à une vitesse de 283 nœuds (IAS) mais se trouvait à 1 427 pieds au-dessus des 2 500 pieds recommandés par la procédure d’approche engagée. Le commandant de bord aurait donc voulu se poser rapidement et a amorcé une approche avec une pente supérieure au glide-slope qui a eu pour effet d’augmenter sa vitesse.

Celle-ci étant supérieure à celle de la vitesse des opérations avec les volets de sustentation, le copilote a suivi les instructions du pilote et ne les a pas sortis. Les alertes GPWS  ont alors retenti quinze fois, poussant le copilote à demander l’interruption de l’atterrissage. Ce qui n’a pas eu lieu.

Le B737-400 a poursuivi sa descente avec les volets braqués à seulement 5°. Lorsqu’il a franchi le seuil de piste, à 89 pieds d’altitude, il volait à une vitesse de 232 nœuds, de 98 nœuds supérieure à celle d’un atterrissage avec les volets à 40°. Il a touché à 221 nœuds, 87 de trop. Le copilote a de nouveau demandé l’interruption de l’atterrissage, sans pour autant prendre le contrôle de l’appareil. Il roulait encore à 110 nœuds lorsqu’il est sorti de piste. Il a traversé une route, est rentré dans un talus et a fini sa course dans une rizière, où il a pris feu. On a dénombré vingt et une victimes et onze blessés graves.

Le rapport montre donc que le pilote et copilote sont responsables de l’accident, le premier pour avoir poursuivi son approche alors qu’elle n’était pas stabilisée et pour avoir ignoré les avertissements de ses instruments et de son copilote, le second pour n’avoir pas pris le contrôle de l’appareil en voyant que le commandant de bord effectuait un atterrissage dangereux. Cependant, il stipule également que le bilan aurait pu être moins lourd si les secours de l’aéroport avaient été plus efficaces. Après avoir rencontré des difficultés à atteindre le lieu de l’accident, ils ont tenté de combattre le feu alors qu’ils n’avaient pas les moyens appropriés. L’Australie, dont plusieurs ressortissants figurent au nombre des victimes, appelle à présent l’Indonésie à poursuivre en justice Marwoto Komar, le commandant de bord de Garuda.

 

    

         

Le feu aurait pris à l'avant de l'appareil, mais va brûler toute la carlingue

  

         

Comme souvent, la bonne volonté de tout le monde est mise à contribution

         

         

                 

         

Sous le choc, le train principal s'est arraché

         

         

         

Les moteurs CFM sont aussitôt l'objet de toutes les curiosités

         

On distingue bien la rizière dans laquelle le Boeing s'est vautré, mais qui n'a pas empêché le feu de se propager.

         

 

         

         

         

On trouve même des secouristes qui se muent en photographe alors que l'avion est toujours en feu

         

         

Le code de couleur macabre: pour les sacs jaunes, il n'y a plus d'espoir.

   

                   

         

         

A l'aéroport, pas de cellule psychologique, mais le réconfort simple d'une autre passagère.

         

Plusieurs dizaines de blessés sont évacués vers les hôpitaux de la région sous l'objectif inquisiteur des caméras qui vont même pénétrer jusque dans l'hôpital.

         

 

Le lendemain de l'accident, aucune cause n'est encore déterminée. Seul l'attentat est éliminé. La compagnie GARUDA, sans perdre de temps et comme toute ses consoeurs en cas de crash a immédiatement pensé à son image et s'est dépêchée de recouvrir de peinture blanche le dernier logo encore visible sur l'un des côtés de la dérive. Mais comme si cela ne suffisait pas, l'empennage a été démonté un peu plus tard.

Durant ce temps, les enquêteurs se sont mis au travail pour tenter d'élucider les causes du crash.